MAID IN CYBERSPACE-ENCORE!

Pour la seconde fois, le Studio XX produit Maid in Cyberspace-Encore!, un festival d'art électronique, présenté du 6 au 28 novembre 1998 à l'espace #401 de l'édifice Belgo à Montréal. Cette manifestation réunit onze projets de femmes artistes d'Australie, d'Angleterre, d'Autriche, d'Écosse, d'Estonie, de Montréal, de Taiwan, de Toronto, de Calgary et de New York. L'idée de ce festival n'est pas de regrouper des oeuvres électroniques autour d'un thème mais simplement de les présenter pour donner une idée des dernières réalisations des femmes artistes dans ce domaine.

Ce qui ressort de ce deuxième festival est la qualité des projets Web sélectionnés. En effet, la diversité des projets et leur originalité poussent le visiteur à poursuivre son exploration plus loin afin de découvir d'autres oeuvres où s'entremêlent son, image et texte. Les oeuvres sont d'autant plus accessibles, qu'elles peuvent être visionnées sur le Web, à l'exception de quelques-unes qui demandent à être visionnées sur les lieux-mêmes.

Parmi les oeuvres qui retiennent l'attention notons, Diagnostic Tools for the New Millenium de Josephine Starrs et Leon Cmielewski. À l'intérieur d'un environnement ludique, ce site invite les gens à prendre part à des échanges à propos de la vie privée sur le net. Quatre outils sont présentés sous forme de sondage: le Consumer Check porte une réflexion sur la consommation des gens, Paranoïa permet de se confier sur internet et de composer une mosaïque d'angoisses audiovisuelles, le Fuzzy Love Dating Service, propose au visiteur de transmettre informations personnelles afin de trouver l'âme soeur. Tous les éléments recueillis à partir du site sont traités pour des recherches et peuvent être visionnés dans des installations interactives en circulation à Banff, Berlin et Sydney. Le Match of the Week présente une personnalité que les internautes peuvent contacter via e-mail.

On retrouve également Synchronicité de la québécoise Pascale Trudel. Le projet est composé de dix photographies qui s'animent sous le curseur. Ces photographies proviennent de l'album de famille de l'artiste et ont été prises entre 1910 et 1940. En cliquant sur chaque photographie, la musique se fait entendre et les personnages prennent vie. Toutes les émotions des photographies sont recrées dans cet univers virtuel. Ce site porte une réflexion sur les notions de réel et d'irréel.

D'autres oeuvres méritent l'attention du visiteur. +Positive+ de Sheila Urbanoski fait pénétrer l'internaute dans le monde du VIH. Le titre est très évocateur et la couleur du site, rouge vif, rappelle celle du sang. Ce projet est né suite à une rencontre entre l'artiste et un sidéen. Dès l'introduction, le visiteur voit sur l'écran une pharmacie comprenant 28 cases. Dans ces cases, il y a des pilules qui peuvent être sélectionnées. Derrière chaque pilule, se cache les secrets, réflexions, anecdotes et les poèmes de Ian Stephen, un ami de Sheila Urbanoski mort du sida. Malgré la quantité de liens proposés, le site reste accessible pour ceux et celles qui sont à leurs premières armes sur internet. +Positive+ parle de la mort mais aussi de la vie. Ce site est rempli d'émotions et de vérités.

High:Rise de l'artiste taiwanaise Isabel Chang est tout à fait déroutant. Ce site inspiré d'un roman de J.G. Ballard, High-Rise, retrace l'expérience d'un protagoniste logé dans un édifice à étages pendant trois mois. Le parcours narratif et la navigation opérante du projet sont possibles que par des mouvements allant vers le haut, ce qui provoque une certaine confusion. Les textes sont chaotiques et demeurent volontairement cachés. Il s'agit d'une expérience un peu spéciale, qui amène le visiteur à s'interroger sur ses habitudes interactives avec internet.

Il peut être agréable de terminer sa visite par Soudwalks de Andra McCartney. Le projet permet au visiteur de se balader dans l'environnement sonore du Queen Elizabeth Park de Vancouver et de l'Open Ears Festival à Kitchener en Ontario.

Voilà un aperçu de la programmation du festival d'art électronique qui n'est pas destinée à un «public choisi», mais accessible à tous. Avec sa grande variété d'oeuvres qui laissent place à l'interactivité, Maid in cyberspace-encore! permet à tout visiteur non-initié de se familiariser avec l'art électronique. On ne peut que souhaiter un autre festival d'art électronique au féminin l'année prochaine.

Magalie Tremblay




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